Le nouveau directeur du protocole d'État, Philippe Casenave, a été renvoyé le jour même de sa prise de fonction pour avoir prêté sa résidence officielle au Maroc à un ami aux relations douteuses. Cette affaire soulève des questions sur le processus de vérification des candidats aux postes clés de la diplomatie française.
Philippe Casenave était le directeur du protocole d'État, un poste discret mais essentiel dans la machinerie diplomatique française, chargé notamment d'organiser les visites officielles des dirigeants étrangers accueillis par la présidence et le gouvernement français. Il a pris ses fonctions mardi matin mais a été licencié dans l'après-midi pour avoir fait un usage abusif des biens de l'État lorsqu'il était consul général de France à Marrakech, au Maroc, de 2017 à 2021, selon trois diplomates français qui se sont confiés à POLITICO.
D'après des documents internes obtenus par POLITICO, une enquête du ministère français des Affaires étrangères en 2021 a révélé que Casenave avait prêté sa résidence officielle, une vaste maison avec un grand jardin et une piscine, à un décorateur décrit comme "un ami". "[L'ami] utilisait la résidence comme sa propre maison, recevait des amis le week-end et utilisait l'argenterie et le service de table avec les insignes de la [République] française", indique le rapport. L'enquête interne précise également que l'ami du consul recevait régulièrement "des jeunes gens, vraisemblablement des prostitués", en l'absence du consul. "Tout cela révèle un manquement éthique manifeste, un abus qui a très probablement terni la réputation du consul général à Marrakech", ajoute-t-il.
La décision de nommer Casenave au prestigieux poste de directeur du protocole d'État en avril a soulevé des interrogations sur l'efficacité du processus de vérification au ministère français des Affaires étrangères. L'un des trois diplomates qui se sont confiés à POLITICO a fait part de ses inquiétudes quant au fait que "les services susceptibles d'avoir [les bonnes informations] dans leurs tiroirs" n'aient pas été consultés pour une nomination aussi importante. "Cela va confirmer l'idée du président que son service [diplomatique] est vraiment inutile", a-t-il ajouté, en faisant référence aux relations difficiles entre le président Emmanuel Macron et les diplomates français. "C'est stupéfiant qu'il n'y ait pas eu de contrôle avant la nomination", a déclaré un autre haut diplomate français.
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