Macky Sall gouverne pleinement et souverainement son quinquennat. Mais gouverne t-il souverainement le temps ? Aucun Chef d’État ne gouverne le temps ! C’est le temps qui les gouverne.
Le temps pose toujours problème. Le temps rend fébrile. Le temps fait douter. Le Président réfléchit. Il cherche. Il consulte. Il combine. Il résiste. Il cède. Il grandit chaque jour. A chaque épreuve, il gagne une grande part de raison et de paix intérieure. Il gère un temps qu’il maîtrise et qu’il ne maîtrise pas à la fois. Cela peut paraître agaçant. Serait-il vite agacé notre cher Président, que sa politesse naturelle masque tout, répare tout. Il est difficile de ne pas être touché par l’humilité de cet homme dont toutefois on perçoit vite, entre deux traits de visage et deux jets de silence, la glaciale fermeté quand il s’agit de décider. On ne peut pas toujours avancer avec tout le monde. Forcément certains ont du mal à forcer le pas. Le Président ne peut lui que forcer le pas. Le bilan, c’est lui. Les comptes, c’est lui. Devant l’histoire, c’est lui. Comment ne pas alors lui souhaiter de réussir quand on sait par ailleurs que nous partageons le même destin, celui de notre cher pays ?
Quand il n’est pas d’accord, il semblerait qu’il ne le dit pas. Il dit que tout est discutable. On comprend alors qu’il a sa solution, sa préférence, mais qu’il consent à prendre le temps d’écouter. Par respect. Mais la décision lui revient toujours de dire oui ou non. C’est cela l’autorité. Ne pas confondre avec la dictature même s’il arrive que les deux mangent souvent ensemble à la même table des princes.
On est toujours heureux de le voir sourire. Il a un rire retenu mais sincère et contagieux. Il est volontiers chahuteur. C’est son côté bronze mou. On le quitte perplexe, à la fois rassuré et méfiant, mais on l’adopte. C’est un Président profondément
humain, quoique dur mais pas cassant. Son prédécesseur était lui bien cassant, ce qui humilie l’autre. Mais il a un cœur de jeune fille et revient toujours pour réparer. Le Président est respectueux. C’est un Président plus soucieux du consensus que de la division à mesure que l’exercice du pouvoir s’affirme. Il peut être un éléphant dans un magasin de porcelaine sans briser le moindre objet ! Un art de gouvernance ! Mais c’est un éléphant.
C’est lui le patron. Un patron, on le respecte. Par contre, il ne demande à personne de lui faire la sérénade, encore moins de ramper, ventre à terre. Mais ceux qui rampent ont toujours rampé. Leur posture n’est jamais sincère mais flatteuse à tout va. Le Président n’y peut rien. Mais il sait. Il reconnaît vite cet espèce. Elle est mutante. Elle s’adapte à tous les régimes. Elle est rusée, calculatrice, adhésive, patiente, teigneuse. Elle n’a rien à perdre mais tout a gagné. Elle s’est royalement servie avec tous les pouvoirs. Le Sénégal a ses fosses et ses forteresses d’honneur ! Ainsi va le monde. Partout. Ou presque.
Bonne année Monsieur le Président et mes vœux affectueux à vous, afin que la charge soit plus supportable et que le Sénégal sorte toujours grandi de tous nos obstacles vers le développement. Puisse votre rêve se réaliser : élever le Sénégal, lui bâtir une démocratie enviée, lui garantir le pain et le bonheur de sa jeunesse. Vous le pouvez ! Vous le ferez !
Mes vœux à mon peuple, à ce peuple sénégalais auquel je suis fier d’appartenir, ce peuple ouvert, souriant, inattendu, teigneux et orgueilleux. Ce peuple soumis à Dieu et jamais loin des visages de ses saints.
Mes vœux particuliers aux femmes sénégalaises. À nos invincibles mamans, nos attachantes épouses, nos tendres sœurs. À vous toutes, dans les campagnes, les champs, les rizières, les villes, les usines, les marchés. À vous les vendeurs à la sauvette sous le soleil brûlant des asphaltes. À vous toutes, vendeuses courageuses tout le long des rues avec vos tables boiteuses de choux, de navets, de citrons flétris, de café Touba, de pastèques, pour que vos enfants survivent. Je pense si fort à vous !
Mes vœux à tout le gouvernement, à tous les Sergents d’industrie, à tous les acteurs teigneux du secteur informel. Mes vœux à l’Assemblée nationale et à son président Moustapha Niasse, le lettré, le fidèle des fidèles de Sédar. Mes vœux à tous les journalistes et acteurs des médias du Sénégal.
Mes vœux à tout le monde du sport.
Mes vœux à ma famille des lettres et des arts qui tente chaque jour de garder éveillée la flamme de la culture sénégalaise de par cette seule flamme qui éclaire et rassemble de par le monde.
Mes vœux personnels au ministre en charge de la Culture, Abdoulaye Diop, pour que le Sénégal gagne. Mes vœux à tout le personnel du ministère de la Culture et de la Communication.
Mes vœux à toutes les Associations culturelles et artistiques qui se battent pour exister.
Mes vœux à cette belle jeunesse sénégalaise pour que la mer s’assèche sous les embarcations vers le Nord trompeur.
La Covid19 fait ce qu’elle veut, parce que nous nous comportons comme elle le veut. Alors, désorganisons-là, isolons-là, chassons-là en étant solidaires et respectueux des règles de discipline sanitaire. Nos vies et celles de ceux que nous aimons en dépendent. Ceux qui nous ont quittés sont déjà nombreux. Ils étaient si merveilleux et leur pays avait encore si besoin d’eux. Prions pour qu’ils dorment en paix !
Bonne année 2021 aux peuples d’Afrique, d’Europe, d’Amérique, d’Asie. Si la terre va, tout va. Faisons de notre terre une poésie !
Bonne année à toutes et à tous !
Amadou Lamine Sall
poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française