Macky Sall dixit : « … nous avons encore un scrutin : les Législatives de juillet. Il m’a paru plus logique d’attendre leurs résultats pour désigner le Premier ministre qui sera issu de la formation qui les aura remportées”, a-t-il expliqué dans les colonnes de “Jeune Afrique”.
Si la majorité présidentielle l’emporte, le fleuve continuera de couler tranquillement. Comme si rien n’était. Si l’opposition l’emporte et que le PR nomme un PM issu de l’opposition, notre pays entre dans une histoire politique inédite et le PR lui-même, le premier, pour avoir respecté la décision de son peuple. Cette situation va placer notre pays au cœur de l’actualité africaine et mondiale pendant longtemps. Elle sera un marqueur d’une démocratie africaine jamais égalée avec un PR qui aura démontré et sa grandeur et son élévation en assumant pleinement sa mission face aux urnes. Je n’ai lu nulle part -à moins d’avoir mal lu - que la Constitution du Sénégal obligeait le PR à nommer un PM sorti des rangs du camp qui aura remporté les législatives. Le faire, le vouloir et le dire comme il l’a fait, est une belle promesse démocratique. Il en connaît tous les risques, tous les obstacles. Mais il l’a dit. C’est ainsi.
Ce schéma inédit au Sénégal, pourrait surprendre plus d’un. Une proximité intime existe toujours entre un PR et son PM. Serait-il de l’opposition. Un PM qui s’entendrait avec son PR dans le respect et l’affection, éviterait au PR des motions de censure qui déstabiliseraient sa gouvernance. J’apprends qu’il faut deux ans au PR pour pouvoir dissoudre l’Assemblée nationale. C’est un lourd handicap. Il lui faudra coopérer. Il n’aura pas le choix. En d’autres termes, on pourrait vivre sous un régime tout à fait normal et surprenant, où le PM sorti de l’opposition, en phase avec son PR, pourrait éviter à ce dernier des déconvenues. Face à cette instabilité, le peuple pourrait-il adopter une nouvelle posture et donner la majorité au camp du PR pour gouverner et achever sa mission de fin de mandat ? Non et non ! Impossible !
En effet, il faudra attendre deux ans pour pouvoir dissoudre l’Assemblée. Deux ans, c’est une éternité ! Si dans une fiction, le schéma d’une dissolution de l’Assemblée nationale était immédiat si l’opposition remportait les législatives et qu’il arrivait que le PR, tout de suite, les remporte cette fois-ci, ne devrait-il pas en tirer les leçons, remercier son peuple et partir à la fin de son mandat et non croire que c’est un plébiscite, une porte ouverte pour une prolongation, dans le cas ou non d’un 3ème mandat qui fait tant couler d’encre ? Nul ne sait ! Hélas, ce n’est qu’une fiction. Cela n’arrivera pas !
La seule chose à retenir, c’est la grandeur de notre pays qu’il faut préserver face au monde. En aucun cas, ce pays ne saurait être plongé dans le chaos et la honte. Le PR Macky Sall ne sera pas cet homme. Il ne « veut, ne peut, ne doit » pas être cet homme dont l’histoire écrira très vite le nom au charbon ! C’est mon intime conviction. Si je me trompe, c’est que la vérité se sera trompée. Nous ne souhaitons rien d’autre à cet homme venu de si loin, que grandeur, noblesse, réussite, gloire et paix. Chacun a le droit d’aimer ou de haïr ! Nous l’avons déjà écrit, il y a peu. Il faudra se lever avant le tôt, pour l’égaler dans l’équipement de son pays pour vaincre la pauvreté. Et ce n’est pas fini d’ici 2024 ! Les chantiers foisonnent !
Senghor, a un moment donné de sa vie d’homme d’État, a dit ceci : « je veux le développement, mais je ne combattrais pas la machine, car elle seule vaincra la misère.» Nous étions dans un temps du monde où les grandes figures révolutionnaires comme les masses populaires rejetaient tout, tout de l’Occident. Et le poète et visionnaire parla. Le temps lui a donné raison. La « machine » a envahi nos vies et a tout bouleversé !
Macky Sall pourrait dire : « je voudrais avoir le temps de continuer à développer mon pays, à encore et toujours le hisser très haut, à le faire gagner en Afrique et dans le monde, mais je ne combattrais pas le droit, la démocratie, car eux seuls vaincront la peur, le doute, les conflits, les haines, les divisions, les guerres ». Voilà l’homme, voilà le PR que nous aimons et que nous voulons garder dans la haute épopée de notre pays et au-delà, l’Afrique, le monde. Aimons-le et prions surtout pour lui. Qui pourrait lui reprocher de vouloir servir son pays et le hisser, le hisser, le hisser ? Mais les rêves ont leur temps de vie. Comme la vie. Nous devons lui laisser ce droit et saluer cette volonté admirable qui, hélas, a des limites.
D’aucuns sénégalais disent : « Partez mais revenez plus tard. Monsieur le Président. Revenez un jour » Émouvant. D’autres Sénégalais disent : « Vous avez fait votre job et il n’est pas petit votre job, Monsieur le Président ! » D’autres plus durs : « partez ! C’est fini. » Lui, il sait tout. Il connaît les grandeurs et les décadences de l’exercice du pouvoir. C’est ainsi.
Senghor m’a fait pleurer en me disant ceci lors d’une promenade sur l’île de Corfou, en Grèce « Mon cher poète, on ne gouverne pas impunément. » plus tard, j’ai compris. Jamais un homme d’État n’a autant payé son exercice du pouvoir ! Mais il croyait au Seigneur. C’était sa force. Il priait. Il priait toujours. Je n’ai jamais vu un homme prier autant.
Puisse le PR Macky Sall ne jamais avoir à prononcer cette phrase ! Qu’il vive demain en paix et dans l’amour des siens. De tous. Puisse-t-il continuer à servir son pays ailleurs et le grandir. Le Président Abdou Diouf en a été un exemple vivant et admirable. Juste sortir du palais et de l’étau des hyènes, et tout s’éclaire et la vie devient plus acceptable. Plus simple. Au sortir de l’exercice du pouvoir suprême, les confidences des hommes qui ont exercé la haute fonction de PR, sont pathétiques, surprenantes, touchantes, presque irréelles. C’est un monde dont on sort tellement humble et démuni ! Ne soyons pas durs ! Laissons les passions s’évaporer. Dieu Seul décide. Pourquoi Lui en vouloir s’Il a décidé ?
Ce pays vivra avec et après nous. C’est ainsi.
Amadou Lamine Sall ~ poète
Grand Prix de Poésie de la Ville de Trieste, Italie