DISCOURS DE REMISE DU PRIX INTERNATIONAL DE POÉSIE TCHICAYA U’TAMSI, ASSILAH, SAMEDI 29 OCTOBRE 2022

Publié le 31/10/2022
Amadou Lamine Sall


Nous voici de nouveau à Assilah, la cité fétiche qui a fait de la poésie, sa lumière.

     Ici, un homme, de jour comme de nuit veille. Une sentinelle infatigable. Que Dieu veille sur Mohamed Benaïssa !

     Merci de m’avoir honoré en me choisissant comme président du jury international pour l’année 2022.

     La poésie est notre refuge. Elle est la maison de l’amour. Elle est la maison de l’espérance. Elle est un lieu de rêve et de vérité. Elle est un lieu de partage et de générosité. Elle porte la liberté. Elle porte la justice.

     Assilah a choisi le rêve. Assilah a choisi la beauté à la place de la laideur du monde.

     Le Maroc a une maison dans notre cœur à tous. Le Maroc n’est pas un pays. Le Maroc n’est pas un royaume. Le Maroc est un « continent de l’esprit » et du cœur. Ses enfants, comme Mohamed Benaïssa, en ont construit l’autoroute. Elle est sans péage. C’est un don du cœur !

       Je salue Assilah qui a honoré Tchicaya U’Tamsi, le poète considérable.  Le prix qui porte ici son nom honore Assilah, honore le Maroc, honore l’Afrique, honore le monde.

       Salut Paul ! J’allais dire salut l’Apôtre ! Salut l’ami et le frère d’hier et d’aujourd’hui. Salut au combattant de la poésie et de la liberté.

      Oui, Paul Dakeyo lauréat du Prix Tchicaya U’Tamsi 2022, est un combattant de la poésie. Il incarne la poésie. Il est un maître du verbe. Le nominer c’est nominer un immense poète que le parrain Tchicaya connaissait et appréciait de son vivant.

      Le choix du jury que je préside est bien le bon ! Là où il repose, Tchicaya U’Tamsi en est comblé, car c’était un homme exigeant.

     Bavo donc, Paul !  Continue à nous enchanter, à nous émerveiller. Nos hommages à votre épouse ici présente à vos côtés.

     Je vais conclure : notre terre ne va pas bien. Elle n’est pas belle. Notre monde fait peur. Pourtant, nous devons faire face, refuser de s’agenouiller, refuser de s’enfuir et d’ailleurs où irons-nous ? Notre refuge reste notre foi. La foi est un poste budgétaire important pour faire face au mal et à la peur.

     Si Dieu ne peut être vaincu, l’homme non plus ne saurait être vaincu. Il s’agit de croire pour conjurer toutes les peurs. Nous sommes nés pour nous aimer et vivre ensemble. Ceux qui croient le contraire ne vaincront pas, quelles que soient leurs armes ! Nos enfants nous regardent, nous écoutent, nous entendent. Créons le meilleur des mondes pour eux.

      Notre avenir, c’est d’abord l’esprit. La poésie porte cet esprit et le grandit chaque jour. Écoutons les poètes. Ils ont déjà la nostalgie du futur, pour dire que les chemins qu’ils balisent sont d’espoir et d’amour.

     Nombre de lampes sont aujourd’hui allumées, mais ces lampes n’éclairent plus rien. Seule la poésie éclaire. Seul l’esprit éclaire. Œuvrons pour que la poésie nourrisse l’action. La poésie est un état de grâce qui transcende toujours l’œuvre des politiques.

     Nous devons donner toute sa place à la pensée, à l’imagination créatrice, à la connaissance. Tout le reste est un vaste hôpital des grands accidentés de la politique, de la domination, de l’argent. Nous vivons aujourd’hui dans la quincaillerie et la tragédie. Voilà pourquoi Assilah est un refuge pour toujours ressusciter et croire en l’homme.

       N’oublions jamais que « l’encre des poètes vaut plus que le sang des martyrs », comme il est dit dans le Coran. A nous donc de « sauvegarder la dignité du rêve » !

       Soyez tous bénis vous qui êtes aujourd’hui dans cette salle, prenant part à cette cérémonie qui honore les poètes et la poésie.

      Dieu bénisse Mohamed Benaïssa et sa formidable équipe qui nous accueille à Assilah, en terre chérifienne. Assilah, ce sourire marocain qui est le soleil du cœur. 

 

Amadou Lamine Sall
Poète
Président du Jury International du Prix International Tchicaya U’Tamsi de la ville d’Assilah